Tout commence par une affaire de grâce et de beauté, de ce qui sied à une femme
et de ce qui n'est pas convenable.
Athéna invente l'aulos, ancêtre de la flute. Elle en joue. Lorsqu'elle s'aperçoit
que ses joues gonflées et rougies offensent sa beauté, elle abandonne
l'instrument.
Marsyas le ramasse. Et lui, Silène déjà laid en tire des sons dignes d'Apollon.
Apollon met un terme à cet abus à cette démesure, il le fait écorcher vif.
Athéna défigurée, Marsyas écorché, telle est l'humanité de notre temps.
Boursoufflée par l'en trop des objets qu'elle consomme avidement. Le corps
meurtri et déformé oscille entre la beauté et l'horreur.
C'est le corps prisonnier de l'esclave, celui inachevé de Michel-Ange. Esclave
sans cesse renouvelé de la mode, de l'objet à venir qui le fige dans
l'inaccompli, triste démesure de notre temps.